Reconnaître le comportement typique d'un agresseur dans le cadre d'une procédure judiciaire
Les auteurs de violences utilisent des stratégies pour discréditer leurs victimes et se servent souvent du système judiciaire pour perpétuer leurs violences. Cependant, les autorités commencent à reconnaître ces stratégies typiques de manipulation.
Vérifié par Assoc. Prof. Andreea Gruev-Vintila le 17/11/2023
Une stratégie courante utilisée par les auteurs de violences conjugales est connue sous le nom de "DARVO", un acronyme anglais qui désigne le fait de nier, d'attaquer et d'inverser les rôles de victime et d'agresseur.
Cette stratégie est souvent mise en œuvre avec l'aide des alliés de l’agresseur, qui ont eux-mêmes été manipulés pour le croire.
L’auteur des violences nie l'existence des violences, remet en cause la crédibilité de toute personne qui les dénonce et affirme être la véritable victime de la situation.
Cette stratégie peut être utilisée en privé comme en public, notamment dans le cadre de procédures judiciaires.
Nier les violences
Les études montrent que les fausses accusations de violences conjugales par les femmes sont très rares. Pourtant, dans la majorité des cas, les auteurs de violences prétendent que les accusations à leur encontre sont fausses.
Des affirmations courantes de la défense des agresseurs :
- elle ment pour obtenir la garde exclusive de nos enfants
- elle ment pour son propre gain financier
- elle ment pour se venger
- elle ment pour obtenir des papiers d'immigration
- elle est folle ou souffre d'un grave problème de santé mentale.
Les experts en violences conjugales savent que ces affirmations n'ont aucun fondement réel. Pourtant, elles sont encore utilisées par les auteurs de violences et leurs avocats pour tenter de gagner leur procès.
Que faire ?
- Faites confiance à vos propres souvenirs.
- Notez dès que vous le pouvez les faits de violences et la façon dont l’auteur des violences a essayé de vous contrôler.
- Rassemblez autant de preuves et de témoins que possible.
Attaquer les personnes qui dénoncent les violences
Il est très fréquent que les auteurs de violences cherchent à discréditer et intimider les personnes qui dénoncent leurs actes, qu'il s'agisse de la victime, de ses enfants ou de témoins.
Ces stratégies de dénigrement consistent généralement à :
- répandre des informations fausses et préjudiciables sur la victime et/ou la personne qui les dénonce
- faire de fausses accusations de toxicomanie ou de graves problèmes de santé mentale à l'encontre de la victime
- invoquer le traitement de santé mentale de la victime pour prétendre qu'elle est un parent inapte
- engager des procédures judiciaires fondées sur de faux éléments à des fins de harcèlement
- commettre des délits, comme la fraude, au nom de la victime
- menacer la victime/survivante de recourir à l'une des stratégies ci-dessus.
Que faire ?
- Prenez conscience du fait que vous êtes confrontée à des violences conjugales continues, connues sous le nom de violences post-séparation, et cherchez du soutien.
- Essayez de ne pas vous sentir coupable, gênée ou honteuse. C'est lui qui est en faute, pas vous.
- Réfléchissez aux preuves que vous pouvez utiliser pour rejeter toute fausse déclaration.
Inverser les rôles de victime et de coupable
Les études montrent que les femmes adoptent rarement des comportements violents à l'égard de leur partenaire. Quand elles le font, c’est généralement pour résister ou survivre au contrôle coercitif et à la violence. Malgré cela, les auteurs de violences conjugales font souvent de fausses accusations à l’encontre de leurs victimes féminines.
Cependant, les autorités commencent progressivement à reconnaître et à comprendre ces comportements.
Ces stratégies consistent généralement à :
- faire de fausses accusations contre la victime auprès des services de police ou des services de protection de l'enfance
- accuser la survivante d'aliénation parentale pour avoir essayé de protéger les enfants
- se faire passer pour la victime et prétendre que la victime est celle qui adopte des comportements violents.
Que faire ?
- Essayez de ne pas vous sentir coupable, gênée ou honteuse. C'est lui qui est en faute, pas vous.
- Essayez de ne pas vous sentir trop anxieuse. Les autorités sont légalement tenues d'enquêter sur chaque accusation, mais elles commencent aussi à reconnaître cette stratégie fréquente des agresseurs.
- Pensez à toutes les preuves que vous pouvez utiliser pour contester les fausses accusations ou démontrer aux autorités les comportements violents que vous avez subis.
Les informations ci-dessus ont été rédigées avec la plus grande attention. Cependant, elles ne sont pas destinées à remplacer les conseils que vous pourriez recevoir de professionnels. Les lois et procédures changeant régulièrement, il est important de consulter des professionnels qualifiés dans ce domaine.