Quitter la France avec ses enfants

Il est fréquent de vouloir rentrer dans son pays d’origine après avoir vécu des violences. Si vous voulez vous installer à l’étranger avec vos enfants, vous devez impérativement obtenir l’accord de l’autre parent ou du juge, quelle que soit l’organisation déjà mise en place pour la garde des enfants.

Vérifié par Maître Judith Buchinger le 03/10/2023

Bien comprendre

Il est tout à fait compréhensible que vous vouliez quitter la France et retrouver votre pays où vous vous sentez en sécurité et entourée de vos proches, notamment après avoir été confrontée à des violences conjugales.

Cependant, il est essentiel d’obtenir l’accord de l’autre parent ou du juge des familles appelé “Juge aux affaires familiales (JAF)” avant de déménager à l’étranger. Autrement, votre départ pourrait être considéré comme un enlèvement international d’enfants.

Procédure à suivre

Si les deux parents partagent les droits et devoirs envers leurs enfants, appelés “autorité parentale”, une nouvelle organisation de la garde des enfants, appelée “modalités d’exercice de l’autorité parentale”, devra être mise en place.

Si l’autre parent n’a plus “l’autorité parentale” et que vous avez “l’autorité parentale exclusive”, vous devrez quand même informer l’autre parent de votre déménagement et demander l’autorisation du juge avant de partir.

Il est essentiel de prévenir l’autre parent de votre démarche au moins trois mois avant la date de départ prévue.

  • Si vous quittez le territoire avec vos enfants sans l’accord de l’autre parent, cela pourrait être considéré comme un enlèvement international d’enfants. Votre ex-partenaire aura à sa disposition des moyens légaux pour faire revenir les enfants en France.

    Il est recommandé de demander conseil à un avocat ou une organisation offrant des services gratuits appelée “association” spécialisée dans le droit de la famille.

  • Si les “modalités d’exercice de l’autorité parentale” ont déjà été mises en place, elles devront être adaptées en vue d’un déménagement à l’étranger. Il est essentiel de prévenir l’autre parent de votre projet de déménagement au moins trois mois avant la date de départ prévue.

    Vous devrez d’abord demander à l’autre parent s’il est d’accord que vous vous installiez à l’étranger avec les enfants et vous mettre d’accord sur les nouvelles “modalités”, notamment :

    • la résidence des enfants
    • le droit de visite et d’hébergement de l’autre parent
    • la pension alimentaire, en prenant en compte l’évolution de la situation de chacun des parents
    • les frais de transport éventuels.

    Cette révision des “modalités” peut se faire par l’intermédiaire de vos avocats, notamment si elles avaient été fixées par le juge.

    Si vous arrivez à un accord avec l’autre parent

    Si les "modalités" actuelles avaient été fixées par le juge, vous devez envoyer une demande commune appelée “requête conjointe” au “Juge aux affaires familiales” pour qu’il valide les nouvelles “modalités”.

    Si les "modalités" actuelles avaient été décidées d’un commun accord entre les parents sans passer par le juge, il est quand même fortement recommandé d’envoyer une demande commune appelée “requête conjointe” au “Juge aux affaires familiales” pour qu’il valide les nouvelles “modalités”.

    La “requête conjointe” est une lettre qui doit être signée par vous et l’autre parent.

    • Vous pouvez la rédiger à partir de ce formulaire. Elle doit inclure : noms, prénoms, profession, domicile, nationalité, date et lieu de naissance des parents, tribunal devant lequel est portée la demande, détail des nouvelles “modalités d’exercice de l’autorité parentale” décidées d’un commun accord.
    • Elle doit être déposée en personne au bureau administratif appelé “greffe” du “Juge aux affaires familiales”. Pour trouver ses coordonnées, vous pouvez utiliser cet annuaire en précisant le code postal du lieu de résidence des enfants et en sélectionnant le “tribunal judiciaire”.

    Si vous n’arrivez pas à vous mettre d’accord avec l’autre parent

    Vous devrez alors faire une demande au “Juge aux affaires familiales” par l’intermédiaire de votre avocat.

    Malheureusement, en cas de désaccord de l’autre parent, il est rare que le juge accepte ce type de demande. Le juge prendra en compte de nombreux éléments pour prendre sa décision. Il est essentiel que vous puissiez démontrer que :

    • vous aurez une situation stable sur place : emploi, logement permanent et indépendant, c’est-à-dire à votre nom et pas chez une personne de votre famille
    • vos enfants auront une qualité de vie égale voire meilleure qu’en France
    • vos enfants pourront garder un lien avec leur autre parent et le voir régulièrement
    • vous avez les moyens de payer pour votre déménagement.
  • Si l’autre parent n’a plus l’autorité parentale et que vous avez ce qu’on appelle “l’autorité parentale exclusive”, vous devrez quand même faire les deux démarches suivantes.

    Informer l’autre parent

    • Il est essentiel de le prévenir de votre projet de déménagement au moins trois mois avant la date de départ prévue.
    • Vous pouvez l’en informer par un simple e-mail, mais il est conseillé d’envoyer un courrier suivi appelé “lettre recommandée avec accusé de réception”. Gardez bien la preuve de dépôt.

    Demander l’autorisation du juge

    • Avant de vous installer à l’étranger avec vos enfants, vous devez aussi envoyer une demande au juge des familles appelé “Juge aux affaires familiales” par l’intermédiaire de votre avocat.
    • Dans le cas où vous avez “l’autorité parentale exclusive”, il est probable que le juge accepte votre demande.
    • Le juge prendra en compte certains éléments tels que :
      • votre situation quand vous arriverez dans le pays : emploi, logement
      • la qualité de vie que vos enfants auront
      • vos enfants pourront garder un lien avec leur autre parent et le voir régulièrement
      • vous avez les moyens de payer pour votre déménagement à l’étranger.

Me faire aider

En France, des services sont disponibles pour vous soutenir, vous conseiller et vous accompagner dans vos démarches. La plupart sont gratuits.

  • Les centres appelés “point-justice” rassemblent les différentes permanences qui peuvent vous recevoir gratuitement pour vous donner des conseils juridiques selon votre situation, et parfois vous aider dans vos démarches administratives.

    • Ces services sont gratuits.
    • Ces centres peuvent être appelés “Maison de Justice et du Droit (MJD)”, “Point d’accès au droit (PAD)”, "Relais d’accès au droit (RAD)”, “Antenne de justice (AJ)” ou encore “France services (FS)”.
    • Langue disponible : français principalement.
    • Vous pouvez trouver un “point-justice” près de chez vous :
      • en ligne sur cet annuaire.
      • par téléphone au 3039 depuis la France métropolitaine et au +339 70 82 31 90 depuis les collectivités d’outre-mer et l’étranger. Ils vous demanderont votre code postal et vous mettront en relation avec un “point-justice”.
  • L’avocat a pour rôle de défendre vos droits avant, pendant et après une procédure judiciaire.

    • Faites attention à bien le choisir.
    • Les services de l’avocat sont payants.
    • Si vous avez des ressources financières limitées, vous pourriez peut-être demander la prise en charge par l'État de vos frais d’avocats, appelée “aide juridictionnelle”.
    • Si vous n’avez pas eu de recommandation d’avocat par un professionnel expert ou une personne de confiance, vous pouvez faire une recherche sur cet annuaire qui regroupe tous les avocats en France. Le site propose une recherche par langues et spécialisation.
  • “Femmes Informations Juridiques Internationales Auvergne-Rhône-Alpes (FIJI)” est une organisation spécialisée en droit international privé de la famille.

    • Ce service est gratuit.
    • Leur équipe de juristes pourra répondre à vos questions et vous apporter des conseils concernant votre séparation, divorce et/ou l’organisation de la garde de vos enfants. Il s’agit d’un service d’information uniquement : ils ne peuvent pas vous accompagner dans le cadre d’une procédure juridique, vous devrez contacter un avocat ensuite.
    • Langue disponible : français, anglais.
    • Contact : par e-mail à l’adresse [email protected] ou par téléphone au 04 78 03 33 63 du lundi au mercredi de 9h00 à 12h00.

Les informations ci-dessus ont été rédigées avec la plus grande attention. Cependant, elles ne sont pas destinées à remplacer les conseils que vous pourriez recevoir de professionnels. Les lois et procédures changeant régulièrement, il est important de consulter des professionnels qualifiés dans ce domaine.

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