Se préparer à se séparer de son partenaire violent

Mettre fin à une relation sentimentale peut être extrêmement compliqué et éprouvant. Le moment de la rupture est l’un des plus dangereux avec un partenaire qui adopte des comportements violents ou contrôlants. Il est recommandé de bien s’y préparer.

Vérifié par Women for Women France le 23/02/2024

Le chemin pour quitter un partenaire contrôlant ou violent n’est jamais facile.

Il est recommandé de se préparer au mieux pour assurer votre sécurité et pouvoir organiser au mieux la résidence de vos enfants si vous en avez.

Si vous ne vous sentez pas en sécurité, n’attendez pas avant de partir avec vos enfants. Votre sécurité est la priorité absolue.

Si vous vivez avec votre partenaire violent, vous pouvez demander au juge l’éviction de votre partenaire à travers “l’ordonnance de protection”. Cette mesure peut être décidée par le juge en une semaine.

Avant le départ

Si possible, prévenez une personne de confiance que vous vous préparez à vous séparer de votre partenaire, et demandez-lui son aide. Vous devez être absolument sûre qu’elle ne préviendra pas votre partenaire violent de votre plan.

Pour vous préparer au mieux à la séparation, qui est un moment très dangereux, il est recommandé de bien s’organiser.

  • Vous ne savez jamais quand vous devrez quitter votre domicile en urgence.

    • Notez les numéros d’urgence et votre propre adresse pour les utiliser rapidement en cas de besoin.
    • Préparez une liste d’excuses plausibles pour sortir de chez vous avec vos enfants et vos animaux sans énerver votre partenaire.
    • Réfléchissez aux lieux où vous pourrez aller en cas de besoin et aux moyens de transport à utiliser pour vous y rendre.
    • Réfléchissez à un lieu où vous pourrez loger au moment de la séparation.
    • Préparez un sac avec quelques vêtements pour vous et vos enfants au cas où vous devriez partir en urgence de chez vous. Vous pouvez le laisser sur votre lieu de travail ou chez un proche de confiance.
  • Si vous ne vous sentez pas en sécurité, n’attendez pas avant de partir avec vos enfants. Votre sécurité est la priorité absolue.

    Si vous vous sentez en sécurité pour le faire, il peut être utile de rassembler vos documents administratifs ainsi que des éléments pouvant prouver les violences avant votre départ.

    Rangez les documents importants dans un endroit sûr, par exemple sur votre lieu de travail ou chez un proche de confiance :

    • vos documents d'identité et ceux de vos enfants : carte d’identité, passeport
    • vos documents d‘immigration : “titre de séjour”, “récépissé”, demande d’asile
    • votre “livret de famille”
    • votre “carte vitale”
    • votre carnet de santé et ceux de vos enfants
    • les documents de la “Caisse d'allocations familiales (CAF)”
    • vos certificats de “contrat d'intégration républicaine (CIR)”
    • les photos des documents de votre partenaire : avis d'imposition, bulletins de salaires, photos des relevés de compte, contrats de travail, etc.
    • des preuves éventuelles d'autres sources de revenus non déclarés : photos d'argent liquide, carnets de note, achats, etc.
    • des preuves du patrimoine et des biens de votre partenaire ou que vous avez en commun avec lui : immobilier, placements, etc.

    Rassemblez progressivement des preuves des violences, car même s’il vous semble aujourd’hui impossible de déposer une plainte pour signaler les violences ou de demander des mesures de protection au juge, il est possible que vous vouliez le faire à l’avenir. Ces preuves seront essentielles pour vous permettre de faire valoir vos droits.

    Prenez contact avec un avocat ou une organisation offrant des services gratuits appelée “association” spécialisée dans l’aide aux victimes de violences afin de mieux comprendre vos droits et les démarches à faire.

    Ouvrez une adresse administrative où vous pouvez recevoir votre courrier en toute sécurité, appelée “domiciliation”. Vous pouvez par exemple demander à une “association” ou à votre avocat de vous permettre d’utiliser leur adresse.

  • Il est important de préparer votre indépendance financière, en particulier si vous avez subi des violences économiques. Ce que vous pouvez faire :

    • ouvrir un compte bancaire individuel à votre nom de jeune fille et à votre nouvelle adresse de “domiciliation” si vous n’avez pas de compte bancaire individuel ou que votre partenaire contrôle vos moyens de paiement
    • cacher une somme d’argent pour pouvoir couvrir vos besoins de première nécessité
    • ranger vos biens et objets de valeurs dans un endroit sûr
    • voir si vous pouvez obtenir de l’argent en urgence

Au moment de partir

Lorsque vous serez prête à partir, il est important de prendre certaines mesures pour assurer votre sécurité et celle de vos enfants :

  • ne laissez pas les enfants avec l’auteur des violences
  • désactivez la fonction GPS de vos téléphones, ordinateurs et/ou tablettes au cas où ils seraient surveillés
  • changez tous vos mots de passe : boîtes mail, réseaux sociaux et tous les autres comptes et applications que vous avez pu partager avec votre partenaire
  • si vous en ressentez le besoin, changez de téléphone dès que vous serez partie, au cas où il est surveillé
  • déposez une plainte dans n’importe quel poste de police, c’est-à-dire soit dans un “commissariat de police” soit dans une “brigade de gendarmerie”, pour signaler les violences à la justice
  • avec l’aide d’un avocat, demandez des mesures de protection au juge des familles appelé “Juge aux affaires familiales (JAF)” comme par exemple une “ordonnance de protection” qui peut permettre d’expulser votre ex-partenaire de votre logement et/ou de lui interdire de vous approcher.
  • Même si vous avez demandé au juge d’expulser votre ex-partenaire du logement, cela peut prendre jusqu’à une semaine.

    Après le dépôt de plainte, vous pourrez demander aux services de police de vous aider à trouver un hébergement d’urgence où vous pourrez passer les prochains jours. Vous pouvez aussi leur demander à la police de vous accompagner à votre domicile pour récupérer des affaires.

    Il existe d’autres solutions pour trouver un hébergement d’urgence.

  • Attention, il est important de prendre certaines mesures pour empêcher l’autre parent de déposer une plainte contre vous pour enlèvement d'enfant.

    • Déposez sans tarder une plainte dans n’importe quel poste de police, c’est-à-dire soit dans un “commissariat de police” soit dans une “brigade de gendarmerie”. .
    • Il est fortement recommandé d’engager un avocat pour vous aider avec votre demande de mesures de protection, la procédure pénale, et l’organisation de la garde des enfants. Si vous avez des ressources trop limitées pour en payer les services, vous pouvez demander la prise en charge de vos frais de justice appelée “aide juridictionnelle”.
    • Envoyez une demande au juge des familles appelé “Juge aux affaires familiales” par l’intermédiaire de votre avocat pour fixer les règles encadrant l’organisation de la garde des enfants, appelées “modalités d’exercice de l’autorité parentale”.
    • Contactez dès que possible votre “Caisse d’Allocations Familiales (CAF)” pour la prévenir de votre changement de situation. Vous trouverez ses coordonnées sur cet annuaire.

Préoccupations fréquentes

  • Si vous ressentez encore des sentiments amoureux pour votre partenaire ou ex-partenaire, c’est tout à fait normal. Ces sentiments s’installent généralement dans la durée, et il est rare qu’ils disparaissent d’un coup. Ils disparaîtront avec le temps.

    Il n'est pas normal d'être contrôlée, dominée ou de vivre dans la peur de son partenaire. Ce n'est pas de l'amour.

    Il est difficile de le voir maintenant mais avec le recul, toutes les personnes qui quittent un partenaire ayant des comportements contrôlant et violents affirment que le quitter a été la meilleure décision qu'elles aient prise.

  • Il est normal d’avoir peur de la réaction de votre partenaire au moment où vous le quitterez.

    La rupture peut intensifier les violences, car elle signifie une perte de contrôle pour le partenaire violent. C’est pourquoi il est conseillé de bien préparer son départ afin de se mettre en sécurité.

    Si vous ne vous sentez pas en sécurité, n’attendez pas avant de partir avec vos enfants. Votre sécurité est la priorité absolue.

  • Cette peur est tout à fait normale, en particulier si vous avez subi un contrôle économique et que vous vous êtes retrouvée dans une situation de dépendance financière. Mais des solutions existent en France.

    Vous pouvez :

    Vous pouvez consulter notre section Argent, Logement, Indépendance pour étudier toutes les solutions.

  • Même si ce ne sera pas facile, de nombreuses études ont montré que la séparation dans le contexte de violences conjugales est la meilleure solution pour les enfants à long terme.

    Les violences conjugales peuvent avoir des conséquences très importantes sur les enfants dans la durée.

  • Il est très rare en France qu’un parent se voit retirer les droits et devoirs envers leurs enfants, appelés “autorité parentale”. Dans le cas de violences très graves, l’auteur des violences pourrait se faire retirer “l’autorité parentale”, et vous auriez ainsi une “autorité parentale exclusive”.

    Concernant la résidence des enfants, elle peut être soit “alternée” si les enfants résident de façon équitablement partagée chez chaque parent, ou “habituelle” s’ils résident chez un parent principalement.

    Vous pouvez consulter notre page dédiée à l’autorité parentale pour comprendre comment cela se passera.

  • Vous pouvez prendre des mesures pour l’empêcher d'emmener vos enfants à l'étranger.

    En cas d’enlèvement international, il existe des solutions.

  • Il est fréquent de s'inquiéter de ce que les autres penseront, voire de se sentir honteuse ou gênée. Mais ce qui vous est arrivé n'est pas de votre faute et ne reflète pas qui vous êtes.

    Ces dernières années, on a observé une réelle prise de conscience des violences conjugales au sein de la société. On comprend désormais que cela peut arriver à n'importe qui.

    Bien sûr, certaines personnes peuvent encore dire des choses inappropriées, mais votre sécurité et celle de vos enfants sont les seules choses qui comptent.

  • Si vous voulez garder vos animaux de compagnie avec vous et ne pouvez pas les prendre dans l’hébergement où vous allez loger, vous pouvez vous rapprocher d’un refuge de la SPA près de chez vous pour leur demander les solutions possibles.

    Vous pouvez aussi les faire garder le temps que vous trouviez un logement :

    • par un proche de confiance
    • via un service de garde d’animaux (souvent payant).

    Préparez un sac à prendre avec vous le jour où vous partirez avec :

    • de la nourriture pour votre animal
    • ses médicaments éventuels
    • les documents relatifs à votre animal : tout document pouvant prouver que vous êtes la propriétaire, y compris une photo récente.

Me faire aider

En France, des services sont disponibles pour vous soutenir, vous conseiller et vous accompagner dans vos démarches. La plupart sont gratuits.

  • Ce service de conseil par téléphone est destiné aux personnes confrontées à tout type de violences et à celles qui les soutiennent.

    • Ce service est gratuit.
    • Au téléphone, une personne vous écoutera et vous soutiendra. Elle pourra vous orienter vers les bons services près de chez vous.
    • Langues disponibles : interprétation dans toutes les langues.
    • Contact : appeler le 3919, numéro disponible 24h/24 et 7j/7. L'appel n'apparaîtra pas sur votre facture de téléphone.
    • Service accessible aux personnes sourdes, malentendantes, aphasiques ou ayant des troubles du langage en cliquant sur l’icône téléphone en bas à droite du site www.solidaritefemmes.org.
  • La police a pour rôle d’assurer la sécurité de toutes les personnes, quelle que soit leur situation, même sans droit au séjour. Un officier de police pourra vous conseiller et vous proposer son assistance 24h/24 et 7j/7.

    Il existe quatre moyens principaux de contacter les services de police :

    • Par téléphone : appelez le 17, numéro gratuit. Langues disponibles : interprétation dans toutes les langues.
    • Par texto : envoyez un message au 114 en français en précisant votre adresse exacte.
    • En ligne : échangez par tchat. Ce service est disponible dans de nombreuses langues.
    • Rendez-vous dans n’importe quel poste de police, c’est-à-dire soit un “commissariat de police” soit une “brigade de gendarmerie”. Vous pouvez faire une recherche à partir de votre adresse sur ce site. Si vous ne parlez pas français, ils devront faire appel à un interprète, mais cela peut prendre du temps.
  • Les “associations” sont des organisations qui offrent des services divers.

    • Ces services sont gratuits.
    • Les services proposés varient considérablement d'une “association” à l'autre. Elles peuvent vous conseiller et parfois vous accompagner dans certaines de vos démarches.
    • La majorité de ces services sont disponibles en français uniquement.
    • Vous trouverez une liste des “associations” spécialisées dans l’aide aux victimes de violences près de chez vous sur cet annuaire en sélectionnant votre département français.

Les informations ci-dessus ont été rédigées avec la plus grande attention. Cependant, elles ne sont pas destinées à remplacer les conseils que vous pourriez recevoir de professionnels. Les lois et procédures changeant régulièrement, il est important de consulter des professionnels qualifiés dans ce domaine.

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